Le développement des bains de mer à Préfailles
Les historiens du pays de Retz résument ainsi le lancement des bains de mer à Préfailles :
Dès 1843, les « étrangers » attirés par la renommée de la Source de Préfailles, éprouvèrent le désir de se baigner. Rien n’était prévu pour la baignade. Ce fut une femme de Préfailles, nommée Roland qui, la première, fit installer sur la plage, deux minuscules cabines :
- Dans l’une, elle remisait deux ou trois costumes, une corde et un piquet ;
- dans l’autre on se déshabillait.
Ainsi outillée, elle venait, chaque après-midi, sur la plage, où les baigneurs qui le désiraient, faisaient usage des cabines, chacun à son tour, puis dans leurs ébats nautiques, tenaient l’extrémité de la corde dont la femme Roland tenait l’autre bout solidement assujetti autour du piquet fixé dans le sable.
Quelques années plus tard, M. Boucard, adjoint au maire de la Plaine (dont Préfailles faisait alors partie) apporta d’appréciables améliorations. Aidé par quelques habitants de Préfailles, il installa, à frais communs, un certain nombre de piquets fixes, reliés par de grosses cordes que l’on retirait en fin de saison.
Cibot eut l’idée de remplacer les moyens très primitifs employés par Mme Roland par un établissement de bains capable de satisfaire les baigneurs. M. Cibot proposa donc aux cinq propriétaires de terrains dont il avait besoin, de faire construire, à ses frais, un établissement de bains dont ils auraient la propriété et dont ils se partageraient les bénéfices. Sa proposition fut acceptée et l’établissement sur le terre-plein qui domine la plage au sud-est, fut inauguré pour la saison balnéaire de 1846. Ce n’était, en vérité, qu’un rez-de-chaussée divisé en quatre chambres de bains, plus une pour la lingerie, et une autre pour les accessoires.
Comme il est mentionné dans l’histoire de la source, c’est le partage des « communs » de Préfailles en 1844 qui a déclenché le mouvement de structuration des bains de mers pour les curistes, sur la grande plage de Préfailles, et la création de ce bâtiment d’hydrothérapie, car tous les curistes ne se baignaient pas dans la mer à cette époque.
Les historiens du pays poursuivent :
L’exploitation en fut confiée à Mme Leray qui, avec sa fille Cécile, la dirigèrent pendant 21 ans. Les débuts furent difficiles : manque de matériel, manque d’expérience. On se rendait à dos de mulet chercher l’eau de mer pour les bains ; les peignoirs de bains, les costumes n’étaient ni entretenus, ni renouvelés. L’établissement devint successivement la propriété de M. Douhaut, et de M. Lemaire qui le fit agrandir et surélever. On y prenait des bains d’algues dans l’eau de mer chauffée, ce qui était tout à fait exceptionnel à l’époque.
Selon les clauses du contrat, les concessionnaires de l’établissement hydrothérapique devaient, à l’heure du bain, assurer la sécurité de la plage grâce à la présence d’un maître baigneur.
Le premier titulaire du poste fut un nommé Moriceau. En 1864, il fut remplacé par deux maîtres-nageurs : Padioleau et Leroux. L’un devait se tenir sur le rivage, l’autre dans un bateau, à peu de distance du large.
Les très vieux Préfaillais se souviennent aussi d’une sorte d’engin à deux roues que l’on approchait de l’eau, à l’heure du bain, et qui servait de tremplin aux plongeurs
Tout en développant cette activité très « moderne » pour l’époque qui est probablement à l’origine de la balnéothérapie ou thalassothérapie d’aujourd’hui, commençait aussi à s’organiser la sécurité des « baigneurs ».
Au lendemain de la première guerre mondiale, l’établissement de bains, sous la direction de Mme Garnier, devint un coquet casino avec un orchestre qui commençait à jouer dès l’heure du thé. On y dansait le soir et, plusieurs fois par saison, des bals costumés attiraient une telle foule que la salle était trop petite pour la contenir. Au fil des années, il s’agrandit et devint un lieu très fréquenté; mais il fut ravagé par un terrible incendie, à la fin de seconde guerre mondiale. Il ne fut jamais reconstruit. Aujourd’hui, il ne reste que le terrain au-dessus de la plage, devenu une aire de jeux pour enfants.
En 1890 fut créée une société, dite « Société de la Plage » qui par l’intermédiaire du propriétaire de l’établissement hydrothérapique, recueillait des fonds, chaque année, auprès des baigneurs et des habitants, pour assurer l’entretien de la plage. Cette association deviendra en 1912, après la création de la commune de Préfailles en 1908, le « syndicat des plages ».
Cette association fut dissoute en 1997, les organisations de sécurité et d’entretien des plages de Préfailles ayant au cours des années, été reprises et gérées par la commune de Préfailles.
Cette carte postale, dont la photo a été prise du haut de l’établissement hydrothérapique, représente la grande plage et le panorama de la côte à cette époque:
On remarque que ne sont implantés, que quelques “chalets”; les derniers, en direction de la pointe, étant Chantelevent et Narjaghan. Cependant, un peu plus loin, on aperçoit une petite maison de pêcheur (aujourd’hui « La Pergola »), dans le bas d’une descente, probablement pour être mieux protégée du vent!
Ce cliché, d’Amélie Galup, en 1900, donne l’impression que Préfailles n’a guère changé, si on se limite à la vue panoramique à partir de la villa Narjaghan jusqu’à la côte sud.
Sur la côte vers la pointe St Gildas, c’est uniquement une lande sauvage, où paissaient des moutons, des vaches et des chèvres, comme le montre cette autre photo prise par Amélie Galup à l’anse du sud :
Préfailles a bien évolué depuis, ainsi que la pratique des bains de mer.
Henri Joussellin